L'approche-évitement est un comportement central pour la survie des organismes vivants y compris les êtres humains. Une meilleure compréhension des processus psychologiques sous-jacents à ces comportements serait utile tant sur le plan théorique qu'appliqué. Dans ce travail, nous avons cherché à tester l'un des processus à l'œuvre selon une approche de cognition incarnée (Barsalou, 1999) lorsque les tendances à l'évitement d'approche sont déclenchées. Selon ce modèle, la perception d'un stimulus lié à des comportements passés d'approche (ou d'évitement) devrait réactiver les stimulations sensorimotrices associées à ces comportements.
En particulier, nous avons testé si des stimulations visuelles spécifiques, à savoir les flux visuels d'approche-évitement (Rougier et al., 2018), sont réactivés. Pour tester cela, nous avons développé une tâche de perception de flux visuels d'approche-évitement dans laquelle les participants doivent indiquer s'ils perçoivent plus d'approche ou d'évitement dans un stimulus composé de deux flux visuels opposés. Selon notre raisonnement, la perception des flux visuels d'approche et d'évitement devrait être influencée par une amorce associée à des comportements d'approche (ou d'évitement) antérieurs. Précisément, après une amorce positive (vraisemblablement associée à des comportements passés d'approche), les participants devraient être plus enclins à percevoir de l’approche dans un stimulus contenant des flux visuels opposés, et inversement avec une amorce négative. Nous avons mené deux études pré-enregistrées (N = 56 et N = 139) pour tester cette idée. Une analyse intégrative des données a révélé l'effet dont nous faisions l’hypothèse, z = 3.41, p < .001. Dans une troisième étude (N = 199), nous ne sommes toutefois pas parvenus à exclure une interprétation alternative des résultats en termes de biais de réponse, z = 1.31, p = .192.